Un enfant qui comprend tout, mais parle peu ou difficilement. Des mots qu’il connaît, mais qu’il n’arrive pas à prononcer. Une frustration qui s’installe, et des parents désemparés. La dyspraxie verbale est un trouble rare et encore mal connu, qui peut être confondu avec un simple retard de langage. Dans cet article, on vous explique ce qu’est réellement la dyspraxie verbale, comment la détecter, et surtout comment accompagner avec bienveillance les enfants qui en sont atteints.
Qu’est-ce que la dyspraxie verbale ?
La dyspraxie verbale est un trouble du développement qui affecte la capacité à planifier et coordonner les mouvements nécessaires à la parole. L’enfant sait ce qu’il veut dire, il comprend ce qu’on lui dit, mais son cerveau a du mal à programmer les gestes de sa bouche pour produire les sons correctement.
C’est un trouble moteur de la parole, et non un problème d’intelligence ou de compréhension.
Une définition simple
La dyspraxie verbale (aussi appelée apraxie verbale ou trouble moteur de la parole) désigne une difficulté à organiser les mouvements nécessaires pour parler. L’enfant n’a pas de paralysie, sa bouche fonctionne bien, mais le cerveau n’arrive pas à envoyer les bons messages dans le bon ordre.
Cela rend la parole lente, difficile, souvent inintelligible — alors que l’enfant pense clairement.
Dyspraxie verbale ou simple retard de langage ?
Il ne faut pas confondre :
- un retard de langage, qui est un décalage global souvent transitoire,
- une dysphasie, qui concerne l’acquisition du langage en profondeur,
- et la dyspraxie verbale, où l’enfant comprend, a du vocabulaire… mais ne peut pas articuler correctement.
Un enfant avec une dyspraxie verbale peut par exemple :
- reconnaître des images,
- répondre avec des gestes,
- et comprendre des consignes complexes…
…tout en étant incapable de dire son prénom clairement.

Ce que dit la recherche
La dyspraxie verbale est considérée comme un trouble rare (moins de 1 % des enfants), mais probablement sous-diagnostiqué, car souvent confondu avec d’autres troubles du langage.
Selon les recommandations internationales (American Speech-Language-Hearing Association), trois signes sont fondamentaux :
- des incohérences dans la parole (mots jamais prononcés de la même manière),
- des difficultés à faire les transitions entre les sons,
- et un rythme d’élocution inhabituel, avec des pauses ou des allongements de sons.
Le diagnostic ne peut être posé que par un.e orthophoniste spécialisé.e, après un bilan approfondi.
Quels sont les signes d’une dyspraxie verbale chez l’enfant ?
Un enfant atteint de dyspraxie verbale ne manque ni d’envie de parler, ni de compréhension. Ce qui bloque, c’est l’organisation des gestes de la parole, qui demandent une coordination fine entre le cerveau, les lèvres, la langue et les cordes vocales.
Les signes varient d’un enfant à l’autre, mais plusieurs manifestations sont caractéristiques.
Difficultés à articuler certains sons
L’enfant a du mal à produire certains sons, en particulier :
- les consonnes complexes (comme “ch”, “tr”, “gr”),
- les enchaînements de syllabes,
- les mots longs.
Il peut sauter des sons, les remplacer par d’autres, ou les inverser, même s’il les connaît parfaitement en théorie.
Mots mal prononcés alors qu’ils sont bien connus
C’est l’un des signes les plus frappants : l’enfant connaît le mot, mais ne le prononce jamais de la même manière.
Par exemple :
- “papillon” devient “payo”, “papinon”, “papo”
- “télé” devient “té”, “dédé”, ou disparaît complètement
Il peut aussi réussir à dire un mot un jour, puis échouer le lendemain. Cette inconstance est typique de la dyspraxie verbale, contrairement aux retards classiques où les erreurs sont plus stables.
Incohérences dans la parole
L’enfant peut :
- prononcer correctement une syllabe seule, mais mal dans un mot (“ba” vs “banane”)
- produire des mots incompréhensibles,
- chercher longuement ses mots,
- bloquer en début de mot, comme si sa bouche ne suivait pas.
Le discours est souvent haché, lent, laborieux — ce qui entraîne frustration, colère ou retrait social.

Compréhension intacte mais parole limitée
Un enfant dyspraxique verbal comprend très bien ce qu’on lui dit. Il exécute des consignes complexes, rit à une blague, suit une histoire… mais n’arrive pas à répondre clairement.
Il peut utiliser des gestes, des expressions du visage, ou des sons approximatifs pour se faire comprendre. Beaucoup de parents rapportent que leur enfant “a tout dans la tête, mais n’arrive pas à le sortir”.
À quel âge peut-on la détecter ?
Comme pour beaucoup de troubles du développement, la dyspraxie verbale ne se diagnostique pas dès les premiers babillages. Pourtant, certains signes précoces peuvent mettre la puce à l’oreille dès 2 ou 3 ans. Il est donc essentiel d’observer sans paniquer, et de consulter si les doutes persistent.
Signes précoces dès 2-3 ans
Vers l’âge de 2 ans, la plupart des enfants :
- associent deux mots (“veux dodo”, “papa parti”),
- prononcent une cinquantaine de mots,
- progressent régulièrement dans leur expression.
En cas de dyspraxie verbale, on remarque souvent :
- une grande compréhension, mais très peu de mots prononcés,
- une frustration visible (cris, colères, évitement de la parole),
- des mots inintelligibles, même pour les proches,
- un discours haché ou “mou”, sans rythme.
Ce qui est normal… et ce qui ne l’est pas
Il est tout à fait normal qu’un enfant de 2 ans ne prononce pas tous les sons correctement. Mais certains signes ne doivent pas être ignorés :
- à 3 ans, l’enfant n’utilise pas de phrases,
- il prononce très peu de mots, ou seulement dans des contextes très familiers,
- il ne progresse pas sur plusieurs mois,
- il semble bloqué quand il essaie de parler.
Dans ces cas, il est recommandé de consulter un.e orthophoniste, même sans prescription médicale préalable.
L’importance du diagnostic différentiel
Avant de poser un diagnostic de dyspraxie verbale, il est important de :
- éliminer une surdité ou une perte auditive,
- s’assurer que la compréhension est intacte,
- observer la motricité bucco-faciale (lèvres, langue, mâchoire),
- faire la différence avec d’autres troubles : dysphasie, mutisme sélectif, retard global.
👉 Un bilan orthophonique complet, parfois complété par un avis neuropédiatrique ou psychomoteur, permet de poser un diagnostic clair et d’orienter l’accompagnement.
Comment aider un enfant avec dyspraxie verbale ?
Face à la dyspraxie verbale, il n’existe pas de solution miracle, mais une approche patiente, progressive et personnalisée. L’essentiel est de ne pas laisser l’enfant seul face à ses difficultés, et de construire autour de lui un environnement encourageant.
L’importance du diagnostic précoce
Plus le trouble est repéré tôt, plus la prise en charge peut être efficace. Un enfant qui bénéficie d’un accompagnement dès 3 ou 4 ans a plus de chances de progresser rapidement, et d’éviter que ses difficultés ne s’installent dans le temps.
Ne pas attendre “que ça passe” est souvent un des meilleurs choix que les parents peuvent faire.
Travailler avec un orthophoniste spécialisé
L’orthophoniste est le professionnel clé pour accompagner les enfants dyspraxiques verbaux. Il ou elle propose :
- des exercices spécifiques de motricité articulatoire,
- des jeux de souffle, de rythme, de sonorisation,
- un travail sur les enchaînements de syllabes,
- des supports visuels pour faciliter la planification des sons.
Les séances sont adaptées à l’âge, au profil de l’enfant, et peuvent durer plusieurs mois voire années. L’objectif est de rendre l’enfant plus autonome et plus confiant dans sa parole.

Activités à la maison pour encourager la communication
Les parents ont un rôle essentiel. Voici quelques idées simples à intégrer au quotidien :
- Lire des histoires courtes et imagées, avec des phrases simples et rythmées.
- Reprendre les mots de l’enfant sans le corriger directement (“Tu veux le ‘totau’ ? Oui, la tortue !”).
- Chanter des comptines avec des gestes (comme “Les marionnettes” ou “Ainsi font, font, font”).
- Jouer avec des sons, des onomatopées, des jeux de bouche.
👉 Sur l’application Little Story Planet, les histoires sont adaptées à l’âge de l’enfant, avec des structures simples, des répétitions bienveillantes, et surtout la possibilité pour l’enfant de se reconnaître comme le héros. Un vrai levier de motivation pour les enfants ayant des troubles de la parole.
Comment soutenir l’estime de soi et la communication autrement ?
Quand un enfant ne parvient pas à exprimer ce qu’il pense, il peut rapidement perdre confiance en lui. La dyspraxie verbale ne touche pas seulement la parole : elle impacte aussi l’estime de soi, les interactions sociales et l’autonomie.
Mais il existe des façons de soutenir l’enfant autrement, en valorisant ses réussites et en lui ouvrant d’autres chemins vers la communication.
Valoriser les efforts, pas uniquement le résultat
Un mot mal prononcé, c’est déjà un grand pas. Il est essentiel de :
- souligner les progrès, même minimes (“Tu as dit ‘ta’ ! C’est super !”),
- éviter de le corriger systématiquement,
- adopter un ton rassurant et bienveillant.
L’objectif est que l’enfant ose parler, même imparfaitement, sans peur du jugement.
Utiliser d’autres moyens pour s’exprimer
Quand la parole est difficile, on peut s’appuyer sur :
- les gestes naturels (pointer, montrer, mimer),
- des pictogrammes (images représentant des actions ou objets),
- des applications de communication alternative,
- le langage signé pour bébé.
Ces outils permettent à l’enfant d’interagir avec son entourage, de réduire sa frustration, et d’enrichir peu à peu son expression orale.
Lire des histoires pour se reconnaître et progresser
Les histoires ont un pouvoir immense :
- elles offrent des mots simples et répétés, parfaits pour les enfants avec troubles du langage,
- elles créent un moment de calme et de lien émotionnel,
- elles permettent à l’enfant de s’identifier à un personnage, ce qui stimule la motivation à s’exprimer.
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Ce qu’il faut retenir
Un enfant qui comprend tout mais peine à parler mérite plus qu’un simple “il finira bien par s’exprimer”. La dyspraxie verbale, bien qu’encore méconnue, mérite d’être repérée tôt et accompagnée avec attention.
Chaque progrès, chaque son articulé, chaque sourire après une tentative réussie est une petite victoire.Avec un accompagnement adapté, des encouragements quotidiens, et des supports ludiques et affectifs, comme les histoires personnalisées de Little Story Planet, l’enfant avance, à son rythme, vers une communication plus fluide, plus sereine… et plus joyeuse.