Mission : Éviter le Bain !
Il était une fois, dans un petit village niché au cœur d’une forêt enchantée, un hérisson nommé Hubert. Hubert avait une passion secrète : il détestait les bains. Tous les dimanches soir, Mme Hirondelle, qui prenait soin de l’ensemble des petits animaux du village, organisait le Grand Bain Dominal où chacun devait se laver et se faire propre comme un sous neuf. Mais Hubert, lui, préférait franchement rester couvert de terre et de feuilles séchées.
« Oh, je déteste sentir le savon ! » râla Hubert en secouant ses piquants un dimanche matin, tandis que Mme Hirondelle s’affairait à préparer son bain moussant parfumé à la lavande.
Ce dimanche-là, Hubert décida qu’il était temps d’échapper à son destin moussant. Il élabora un plan audacieux : il partirait à la recherche de la Rivière Ar-en-Ciel, un endroit magique où l’eau pouvait enlever la saleté sans mouiller. Tout le monde pensait que la rivière n’était qu’une légende, mais Hubert, lui, croyait en son existence.
Le petit hérisson débuta son aventure en traversant les nombreux sentiers de la forêt enchantée. Il croisa une chouette sage, nommée Hélène, perchée sur une branche, lisant un livre intitulé « Mystères de la Magie ».
« Où vas-tu, Hubert ? » demanda-t-elle de sa voix douce mais curieuse.
« Je pars à la recherche de la Rivière Ar-en-Ciel pour éviter ce fichu bain ! » répondit vivement Hubert, en sautillant d’un pied sur l’autre.
Hélène, intriguée et bienveillante, décida de l’accompagner. « Je vais t’aider, j’adore les aventures », dit-elle en fermant son livre avec un grand claquement.
Les deux amis se mirent en route. Ils grimpèrent sur des collines couvertes de fleurs chantantes, traversèrent des champs où poussaient des bonbons multicolores, et descendirent dans des vallées où le vent racontait des histoires de dragons et de chevaliers.
Cependant, trouver la Rivière Ar-en-Ciel n’était pas une mince affaire. Mais leur détermination et leur sens de l’aventure les guidaient. Après plusieurs heures de marche, alors que le soleil commençait à décliner, ils arrivèrent devant un très grand arbre aux feuilles chatoyantes.
« C’est l’Arbre des Saisons ! » s’écria Hélène. « On dit qu’il sait où se trouve tout ce qui est magique. »
Hubert se dressa sur ses pattes arrière et s’écria : « Oh, grand Arbre des Saisons, peux-tu nous montrer le chemin vers la Rivière Ar-en-Ciel ? »
L’arbre secoua ses branches doucement, et dans un chuchotement feutré, il répondit : « Suivez la lumière des lucioles dansantes quand la lune sera haute. »
Dans l’obscurité fraîche du crépuscule, Hubert et Hélène suivirent les petites lumières scintillantes jusqu’à ce qu’ils tombent sur un cours d’eau aux reflets flamboyants. C’était la Rivière Ar-en-Ciel ! Elle brillait sous la lumière lunaire, éclatant de mille couleurs.
Hubert s’avança avec précaution et toucha l’eau. À sa grande surprise, la poussière et les feuilles collées à ses piquants semblèrent simplement disparaître au contact magique de la rivière, les laissant propres sans une seule goutte d’eau sur lui.
« C’est incroyable ! » s’exclama Hubert, fou de joie.
Mais alors que le hérisson s’apprêtait à quitter les lieux, une douce voix se fit entendre. C’était celle d’une petite nymphe de la rivière, qui apparut parmi les reflets aquatiques.
« Tu as bien fait de croire en moi, » dit-elle en souriant. « Mais souviens-toi, Hubert, se laver n’est pas seulement question de propreté extérieure. C’est aussi un moment de renouveau. »
Hubert comprit la valeur de ses paroles et se promit de ne plus jamais éviter les bains, tant que cela restait amusant et joyeux.
Tout à coup, Hubert et Hélène se retrouvèrent de retour dans le village, exactement à l’endroit d’où ils étaient partis. Mme Hirondelle les attendait avec un sourire complice.
« Voilà un hérisson tout propre et sage ! » dit-elle en tapotant gentiment Hubert sur la tête.
Et c’est ainsi qu’Hubert comprit que le véritable secret du bain n’était pas de l’éviter, mais de l’embrasser avec le cœur léger. Depuis ce jour, non seulement il aimait prendre son bain, mais il était celui qui encourageait les autres à en faire une joyeuse fête.
Et chaque dimanche soir, sous les rires et les bulles dansantes, Hubert et ses amis célébraient le Grand Bain Dominal avec plaisir et bonheur, prouvant qu’un peu de magie se cache même dans les rituels les plus simples.
Fin.
