Gestion de la colère chez l’enfant : comprendre, apaiser et accompagner avec bienveillance

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Les colères d’un enfant peuvent être aussi déroutantes que bouleversantes. Hurlements, crises, gestes incontrôlés… Ces tempêtes émotionnelles laissent parfois les parents démunis, entre frustration et culpabilité. Pourtant, la colère est une émotion fondamentale, naturelle, et surtout précieuse à décoder. Elle cache toujours un besoin, un message, un appel à l’aide. Dans cet article, nous verrons comment mieux comprendre la colère de l’enfant, pourquoi elle surgit, comment y répondre avec bienveillance, et quels outils concrets adopter pour traverser ces moments avec calme et confiance.

Pourquoi un enfant se met-il en colère ?

La colère est une émotion intense, parfois brutale, mais profondément humaine. Elle ne surgit jamais au hasard : chez l’enfant, elle exprime un besoin non satisfait, une frustration mal digérée, une surcharge émotionnelle trop difficile à contenir. Contrairement à ce que l’on croit parfois, un enfant en colère n’est pas capricieux, ni mal élevé : il est débordé.

Un cerveau encore immature

Jusqu’à environ 6-7 ans, le cerveau de l’enfant est encore en construction, notamment dans ses zones responsables du contrôle des émotions, de l’inhibition et de la régulation. Le cortex préfrontal, qui aide à réfléchir avant d’agir, est encore immature. L’amygdale, en revanche — siège des réactions émotionnelles — est déjà très active. Résultat : lorsque l’enfant est frustré, fatigué ou contrarié, c’est l’émotion qui prend le dessus, sans filtre, sans recul.

Il ne fait pas de crise contre le parent, il vit une tempête émotionnelle devant lui.

La colère, un message caché

Chaque colère cache un besoin : un besoin de reconnaissance, de sécurité, d’attention, de repos, de liberté… mais l’enfant n’a pas encore les mots pour dire ce qu’il ressent. Il exprime donc ce besoin à travers son corps : il crie, tape, jette, pleure. Ce comportement n’est pas acceptable, mais il est explicable.

Plutôt que de punir ou de réprimer, il est plus efficace (et plus apaisant) de chercher le message derrière la colère :

  • Mon enfant est-il fatigué ?
  • A-t-il eu une journée trop stimulante ?
  • Se sent-il impuissant face à une frustration ?
  • A-t-il besoin d’attention ou de réassurance ?

Changer notre regard sur la colère, c’est déjà faire un pas vers plus de calme.

Une émotion normale… mais impressionnante

Chez l’adulte, la colère est souvent maîtrisée, contenue, voire refoulée. Chez l’enfant, elle est brute, explosive, sans filtre. Cela peut bousculer, inquiéter, voire énerver les parents. Pourtant, c’est une émotion saine, qui a toute sa place dans le développement de l’enfant. Elle lui permet :

  • d’apprendre à dire non,
  • d’affirmer ses limites,
  • de se différencier,
  • de prendre conscience de lui-même.

L’objectif n’est donc pas d’éteindre la colère, mais de lui apprendre à la traverser sans se blesser, ni blesser les autres.

Comment réagir face à la colère de son enfant ?

Face à une crise, il est tentant de vouloir éteindre l’incendie au plus vite : gronder, punir, hausser le ton. Pourtant, ce type de réaction alimente souvent la colère au lieu de l’apaiser. L’objectif n’est pas de contrôler l’enfant, mais de l’aider à retrouver un état émotionnel stable, en étant soi-même un repère de calme.

Accueillir l’émotion sans jugement

La première étape consiste à accueillir ce que l’enfant ressent, même si son comportement est inacceptable. Il ne s’agit pas de tout autoriser, mais de valider l’émotion :

« Tu es très fâché parce que tu ne peux pas avoir ce que tu veux. Je comprends que ce soit difficile. »

Ce type de phrase rassure l’enfant : son émotion est entendue, il n’est pas rejeté pour ce qu’il ressent. Et souvent, cela suffit à désamorcer l’intensité de la crise.

Garder son calme et poser un cadre rassurant

Lorsque l’enfant est en pleine colère, il a besoin d’un adulte calme, présent et stable. Si l’on crie ou menace, on alimente son agitation intérieure. Si l’on reste ferme et serein, on lui offre un modèle de régulation.

Cela peut passer par :

  • une voix posée et lente,
  • une posture ouverte (s’agenouiller, regarder dans les yeux),
  • un cadre clair : « Je suis là, je t’écoute, mais je ne te laisserai pas taper. »

Le parent devient alors une boussole émotionnelle : il ne cherche pas à contrôler l’enfant, mais à lui transmettre la sécurité intérieure dont il manque à ce moment-là.

Parler après la crise, pas pendant

Pendant une crise de colère, le cerveau émotionnel de l’enfant est en alerte maximale. Il ne peut ni entendre ni raisonner. C’est pourquoi il est inutile de tenter d’expliquer, de discuter ou de poser des questions en plein tumulte.

On peut simplement :

  • rester proche sans envahir,
  • éviter les longs discours,
  • attendre que la vague passe.

Une fois la tension redescendue, l’enfant est plus réceptif. C’est alors le bon moment pour revenir sur ce qui s’est passé, poser des mots, nommer les émotions, réfléchir à des solutions alternatives pour la prochaine fois.

Par exemple : « Tu étais très en colère tout à l’heure. Tu aurais pu me dire avec des mots au lieu de crier. Qu’est-ce qu’on pourrait faire la prochaine fois ? »

Ce retour à froid permet à l’enfant d’apprendre de ses émotions, et non de les craindre ou de les nier.

Ce qu’il ne faut pas faire en cas de colère

Quand la colère éclate, il est parfois difficile de garder son sang-froid. On peut se sentir dépassé, agacé, impuissant. Et il arrive que l’on crie, menace, punisse… non pas par méchanceté, mais par épuisement ou manque de repères. Pourtant, certaines réactions — même involontaires — ont tendance à aggraver la crise plutôt qu’à l’apaiser.

Punir ou isoler l’enfant

Mettre un enfant au coin, lui crier dessus, lui retirer des privilèges pendant qu’il est en pleine tempête émotionnelle ne fait qu’amplifier son stress. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, il perd le contrôle… et en plus, il se retrouve seul ou sanctionné.

Or, c’est précisément dans ces moments-là qu’il a le plus besoin de nous.

Plutôt que de punir, on peut :

  • nommer l’émotion (« Tu es vraiment très fâché »),
  • poser une limite claire (« Je ne te laisserai pas faire mal »),
  • proposer une alternative (« Tu peux frapper ce coussin si tu as besoin »).

Cela ne signifie pas céder, mais accompagner la colère plutôt que la rejeter.

Enfant dans un coin lecture étoilé, lisant un livre lumineux avec son parent

Crier ou réagir avec colère

Crier face à un enfant en colère, c’est comme jeter de l’huile sur le feu. Non seulement cela nourrit son propre débordement, mais cela lui montre aussi que crier est une réponse acceptable aux tensions. L’enfant apprend beaucoup plus de ce que nous faisons que de ce que nous disons.

Même si cela demande de l’énergie, l’idéal est de rester calme, de respirer, ou de s’éloigner un instant si l’on sent que l’on va perdre patience.

Et si un cri est parti malgré tout, n’hésitons pas à revenir vers l’enfant ensuite pour nous excuser et réparer la relation : c’est aussi un bel enseignement.

Minimiser ou nier les émotions

Dire à un enfant :
« Ce n’est rien »,
« Tu fais des histoires pour pas grand-chose »,
« Tu exagères »
revient à invalider ce qu’il ressent. Cela ne diminue pas sa colère, cela ajoute de l’incompréhension.

À la place, on peut reconnaître l’émotion, même si elle nous semble démesurée :
« Tu es très en colère parce que tu voulais encore jouer et on doit partir. C’est dur pour toi. »

Cette validation permet à l’enfant de se sentir entendu, ce qui l’aide à s’apaiser.

Les outils pour aider un enfant à gérer sa colère

Une fois la colère accueillie, posée, et comprise, l’étape suivante consiste à aider l’enfant à trouver des moyens concrets pour l’exprimer autrement. L’objectif n’est pas de supprimer l’émotion, mais de l’apprivoiser, de la transformer, et de renforcer les capacités de régulation émotionnelle de l’enfant. Voici quelques outils efficaces à utiliser au quotidien.

La roue des émotions

La roue des émotions est un outil visuel qui permet à l’enfant d’identifier ce qu’il ressent. Il peut pointer du doigt une émotion, un visage ou une couleur, selon son âge et son niveau de langage. Cela l’aide à passer de la réaction à la verbalisation.

Accrochée dans la chambre ou dans le salon, elle devient un support quotidien pour favoriser le dialogue.

Tu peux en fabriquer une maison avec ton enfant, ou en imprimer une parmi les nombreuses disponibles en ligne.

Le coin calme ou cocon de retour au calme

Contrairement au « coin » punitif, le coin calme est un espace où l’enfant peut se retirer pour se recentrer. Il y retrouve des objets doux, des livres, une bouteille sensorielle, des coussins… L’idée est de lui offrir un refuge pour apprendre à revenir au calme par lui-même, sans pression ni isolement.

Ce coin peut être aménagé ensemble, nommé de manière rassurante (« la cabane magique », « la bulle calme »), et utilisé librement.

La boîte à colère

C’est une petite boîte dans laquelle on glisse des idées d’activités pour apaiser la colère : respirer profondément, déchirer du papier, serrer un coussin, dessiner un volcan, écouter une musique douce… L’enfant pioche une carte au moment où il sent la tension monter.

Cela lui donne des stratégies concrètes, et surtout la sensation qu’il peut agir sur ce qu’il vit.

Des histoires pour apprivoiser les émotions

Les histoires sont de puissants outils d’éducation émotionnelle. À travers un récit, l’enfant découvre qu’il n’est pas seul à ressentir de la colère, qu’il existe des façons de l’exprimer, de la comprendre, de la transformer. Il s’identifie, projette, verbalise. L’histoire devient un pont entre ses émotions et la parole.

Chez Little Story Planet, les histoires sont entièrement personnalisées : prénom, âge, lieu, thème… Tu peux même choisir un récit centré sur les émotions, dans lequel ton enfant devient le héros d’une aventure intérieure pleine de douceur et de sens.
👉 Découvre notre sélection sur les histoires pour apaiser les émotions, parfaites pour accompagner les enfants sensibles ou traversant une période de grandes colères.

Des rituels de retour au calme

Enfin, instaurer des petits rituels aide l’enfant à anticiper, à se sécuriser et à mieux gérer ses émotions. Cela peut être :

  • une chanson calme après une dispute,
  • un massage des mains,
  • une histoire choisie ensemble,
  • une respiration « comme le vent dans les feuilles » ou « comme une bulle qui monte ».

L’essentiel est que ce rituel soit rassurant, prévisible et partagé, pour que l’enfant puisse y puiser de la stabilité quand tout vacille à l’intérieur.

Quand faut-il s’inquiéter ?

Dans la grande majorité des cas, les colères font partie du développement normal de l’enfant. Elles sont l’expression d’un cerveau en construction, d’un besoin non exprimé, ou d’un stress accumulé. Mais il peut arriver que certains signes appellent à une attention particulière, voire à l’avis d’un professionnel.

Des colères trop fréquentes ou très intenses

Chaque enfant traverse des phases plus intenses : la fameuse « phase du non », le retour à l’école, l’arrivée d’un petit frère… Ces moments peuvent déclencher des colères plus fréquentes, sans que cela soit pathologique.

En revanche, on peut s’interroger lorsque :

  • l’enfant fait des colères tous les jours, voire plusieurs fois par jour,
  • ces colères durent longtemps, malgré l’âge,
  • elles deviennent très violentes (hurlements incontrôlables, objets lancés, agressivité physique).

Dans ces cas-là, il peut être utile d’échanger avec le pédiatre, l’enseignant, ou un psychologue spécialisé dans la petite enfance.

Colère ou trouble du comportement ?

La colère est une émotion. Elle devient préoccupante si elle s’accompagne :

  • d’un repli social (l’enfant se coupe des autres),
  • d’un décrochage scolaire,
  • d’une tristesse persistante,
  • ou de comportements agressifs chroniques, même en dehors de moments de frustration.

Il ne s’agit pas d’étiqueter trop vite, mais de repérer quand la colère n’est plus un passage, mais un mode de fonctionnement qui fait souffrir l’enfant… et son entourage.

Dans ces cas, un accompagnement professionnel permet de poser un regard extérieur, de soulager les tensions, et d’apporter des pistes concrètes.

Se faire accompagner, c’est prendre soin de la relation

Demander de l’aide ne signifie pas échouer. Au contraire, c’est un signe de lucidité et de bienveillance. On peut se tourner vers :

  • un psychologue ou pédopsychiatre,
  • un centre de PMI (Protection Maternelle et Infantile),
  • des ateliers de parentalité bienveillante,
  • ou simplement en parler avec des proches ou des professionnels de confiance.

Aucun parent n’est seul face aux tempêtes de l’enfance. Et il n’y a aucune honte à demander du soutien quand le quotidien devient trop lourd.

Ce qu’il faut retenir

La colère est une émotion puissante, parfois explosive, mais profondément saine. Chez l’enfant, elle dit beaucoup : un besoin non comblé, une frustration mal vécue, une fatigue accumulée, ou simplement l’expression d’une émotion encore inconnue. Elle mérite d’être écoutée, décodée, accompagnée… pas réprimée.

L’enjeu n’est pas de faire taire la colère, mais de créer les conditions pour qu’elle puisse s’exprimer sans faire de mal. Cela demande de la patience, de la présence, et parfois un changement de regard. Mais à travers chaque crise traversée avec bienveillance, un lien plus fort se tisse entre le parent et l’enfant.

Et dans les moments de calme retrouvés, une histoire partagée, un sourire échangé, ou un câlin silencieux deviennent les plus beaux alliés d’une parentalité apaisée.

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